La pierre, matériau noble et pérenne, exige une attention particulière lors de sa mise en œuvre. Le joint, souvent sous-estimé, est pourtant crucial pour la stabilité, l'esthétique et la longévité des constructions en pierre. Un joint correctement réalisé assure l'imperméabilité, la résistance aux intempéries et rehausse la beauté de l'ouvrage. Ce guide détaillé vous accompagnera pas à pas dans la réalisation de joints de pierre impeccables, du choix des matériaux à l'entretien.
Préparation du chantier et sélection des matériaux
La réussite d'un joint repose sur une préparation méticuleuse et une sélection rigoureuse des matériaux. Plusieurs critères doivent être considérés pour garantir des résultats optimaux et durables.
Préparation minutieuse de la surface des pierres
Avant le jointoiement, un nettoyage approfondi des pierres est indispensable. Une brosse métallique élimine poussière, résidus de mortier et autres impuretés. Les irrégularités significatives sont traitées au burin pour obtenir une surface plane et régulière, essentielle pour un joint uniforme et éviter les poches d'air. Il est conseillé d'humidifier légèrement la pierre avant l'application du mortier pour une meilleure adhérence. Un niveau à bulle permet de vérifier la planéité des pierres. Pour des pierres très poreuses, un prétraitement hydrofuge peut être bénéfique.
Choix judicieux du mortier : type et propriétés
Le choix du mortier est capital. Le mortier à la chaux, traditionnellement privilégié, offre une excellente perméabilité à la vapeur d'eau, permettant à la pierre de respirer et limitant les risques d'humidité. Cependant, selon le contexte et le type de pierre (calcaire, granit, etc.), un mortier de ciment ou un mortier de chaux hydraulique peut être plus adapté. Pour les zones exposées au gel, un mortier anti-gel est impératif. Un mortier hydrofuge améliore l'imperméabilité. Le respect des dosages du fabricant est essentiel pour la résistance et la durabilité. Un malaxage correct assure une consistance homogène. Pour un parement de 10 m², il faut prévoir environ 50 kg de mortier .
- Mortier de chaux : perméable à la vapeur d'eau, idéal pour les pierres poreuses.
- Mortier de ciment : plus résistant, mais moins perméable à la vapeur d'eau.
- Mortier de chaux hydraulique : compromis entre résistance et perméabilité.
Adaptation du joint au contexte architectural et à la pierre
Le type de joint (droit, creux, concave, convexe) impacte l'esthétique et la performance. Un joint fin et régulier convient aux styles contemporains, tandis qu'un joint plus large et irrégulier est plus approprié aux styles anciens. Pour une pierre poreuse, un joint plus large favorise la ventilation et prévient l'accumulation d'humidité. Pour une pierre compacte, un joint plus fin peut suffire. L'épaisseur idéale varie entre 8 et 15 mm, mais peut être ajustée selon le contexte. Dans un mur de soutènement, un joint plus large (12-15 mm) améliore la stabilité. Pour un parement fin, un joint de 10 mm est souvent adapté.
Outils et équipement indispensables pour un jointoiement de qualité
Un équipement adéquat est essentiel pour un travail précis et efficace. Une truelle permet l'application et le lissage du mortier. Une règle assure des joints droits et réguliers. Une éponge sert à nettoyer les excès de mortier. Des outils spécifiques, comme les joints, permettent de créer des joints creux ou de formes variées. Un seau est nécessaire pour le malaxage. Un niveau à bulle vérifie l'horizontalité et la verticalité. Prévoyez également des gants de protection et des lunettes de sécurité. Une spatule en inox est plus résistante à la corrosion qu'une spatule en acier doux. Pour des joints de 5 mm, une poche à joint est recommandée. Le choix d’une truelle de maçon en acier inoxydable garantit une meilleure longévité.
Techniques de réalisation du joint : pratique et conseils
Plusieurs techniques de jointoiement existent, le choix dépendant du type de joint souhaité et des caractéristiques de la pierre. La précision et la minutie sont de rigueur pour un résultat optimal.
Approche pratique des différentes techniques de jointoiement
Pour un joint droit, le mortier est appliqué à la truelle et lissé à la règle. Pour un joint creux, le mortier est appliqué puis creusé pour obtenir la forme voulue. Une pression adéquate évite les vides d'air et assure l'adhérence. L'uniformité de l'épaisseur du joint est primordiale pour l'esthétique et la durabilité. Un joint de 12 mm est courant pour les parements traditionnels.
Jointoiement à la truelle : technique classique et efficace
Le jointoiement à la truelle est la méthode la plus courante. Le mortier est appliqué directement sur le joint et lissé avec la truelle ou une règle, en veillant à remplir l'espace entre les pierres. L'excès de mortier est retiré délicatement avec une éponge humide. Le compactage du mortier évite les vides et améliore l'adhérence. Pour les joints larges, un compactage à l'aide d'une petite règle peut être nécessaire.
Utilisation de la poche à joint pour les finitions précises
La poche à joint est idéale pour les joints fins et précis (moins de 10 mm). Elle offre un contrôle précis de la quantité de mortier et une finition soignée, facilitant la réalisation de joints réguliers et homogènes, notamment sur de grandes surfaces. Un dosage précis du mortier est indispensable pour une application optimale.
Spécificités du jointoiement pour la pierre de taille
Les pierres de taille, de par leurs dimensions et formes complexes, nécessitent une attention particulière. Un calage précis assure la stabilité pendant le séchage du mortier. Des étais peuvent soutenir les pierres les plus lourdes. Une grande minutie prévient les déformations ou les fissures. Un mortier à prise rapide peut être utilisé pour les pierres de grandes dimensions. Des joints de 15 mm peuvent être nécessaires pour compenser les irrégularités des pierres les plus massives.
Réparation efficace des joints défectueux
Les joints défectueux sont réparés en enlevant le mortier dégradé avec des burins et des marteaux. La surface est ensuite nettoyée et préparée pour l'application d'un nouveau mortier compatible avec l'existant. Des fissures sont réparées avec un mortier approprié et un bon scellement. Pour des joints très dégradés, une réparation complète est nécessaire. Le choix du mortier doit tenir compte de la nature de la pierre et des conditions climatiques pour éviter toute nouvelle dégradation. Pour un mur de 5 mètres de long, il faut compter environ 2 jours de travail pour la réparation des joints.
Fin de chantier, protection et entretien
Après le jointoiement, des mesures spécifiques garantissent la longévité et la beauté de l'ouvrage.
Nettoyage final et finition impeccable des joints
Après séchage du mortier (24 à 48 heures), un nettoyage élimine les résidus. Une brosse douce retire les résidus superficiels. Un nettoyage à l'eau claire est généralement suffisant. Des produits spécifiques pour le nettoyage de la pierre peuvent être utilisés, mais doivent être adaptés à la nature de la pierre. Un nettoyage minutieux met en valeur la beauté des joints et de la pierre.
Protection optimale des joints contre les intempéries
Un hydrofuge protège les joints des intempéries et du gel, améliorant leur imperméabilité et les protégeant des infiltrations d'eau. Différents types d'hydrofuges existent, certains étant plus adaptés à certains types de pierre. Il est important de suivre les instructions du fabricant. Une application d'hydrofuge tous les 5 à 10 ans, selon l'exposition, est recommandée.
Entretien régulier pour une longévité accrue
Un entretien régulier prévient les dégradations et assure la longévité. Des contrôles réguliers détectent fissures et dégradations. Un nettoyage annuel élimine saleté et mousses. Une intervention rapide en cas de dégradation évite une détérioration plus importante. Un entretien préventif préserve l'esthétique et la fonctionnalité sur le long terme. Pour un mur de 20 mètres carrés, il faut compter environ 3 heures de travail pour le nettoyage annuel des joints.
La réalisation de joints de pierre est un travail exigeant qui nécessite précision et expérience. Un travail soigné garantit la pérennité et la beauté de l'ouvrage.